Lui seul mon Rocher

Béatrice Kirch-Tougard

Lui seul mon rocher est un recueil inédit de méditations sur des versets choisis de la Bible. Il sera régulièrement étoffé ; nul doute qu'il ne prendra jamais fin car la Parole de Dieu est inépuisable. C'est pourquoi nous avons renoncé à le proposer un jour à un éditeur mais non à le partager. La structure est simple : une référence, notée entre parenthèses, renvoie à un verset ou à un ensemble de versets, groupés par livre. Chaque référence est suivie d'une méditation.

(Rt 1, 21)

Si Ruth prononce ces paroles dans l'amertume de son deuil, elle énonce à son insu une vérité fondamentale : on ne peut aller à Dieu encombré de richesses - qu'elles soient matérielles, intellectuelles ou spirituelles - car Dieu est humble. Pleins de nous-mêmes, nous ne pouvons le suivre véritablement : notre abondance nous empêche de l'aimer en plénitude. Voilà pourquoi les moines font trois voeux de pauvreté : pauvreté matérielle, pauvreté affective du célibat et pauvreté d'amour-propre de l'obéissance. Or de ces trois pauvretés, la dernière est la plus difficile et celle qui plaît le plus au Seigneur des humbles. Si ces voeux sont réservés au moine, le laïque est invité lui aussi à marcher de pauvreté en pauvreté, mais différemment : s'il est riche, qu'il ne s'attache pas à ses biens et sache les partager avec les moins bien pourvus ; que l'amour porté à " la chair de sa chair " ne l'aveugle ni ne le replie sur soi mais dilate sa capacité d'amour ; et qu'il apprenne à vouloir faire la volonté du Seigneur plutôt qu'à se soumettre à son orgueil. Les mains vides - c'est-à-dire détaché de nous-même - nous sommes en mesure de faire la volonté de Dieu, de nous abandonner entre ses mains comme, dans une belle métaphore, le fera Ruth entre celles de Booz. Le saint est pauvre de soi pour n'être riche que de Dieu ; il se vide de tout avoir pour être tout à Dieu et par conséquent à ses frères. Saint François d'Assise ne s'y était pas trompé.

(Rt 12-13)

Miséricorde de Booz qui n'a pas évincé Ruth, l'étrangère, venue glaner des épis sur son aire. Comme dans l'Évangile, en de nombreuses paraboles et dans chacun de ses gestes, Jésus nous fera approcher et toucher le Père, Booz laisse entrevoir ce Père qu'est Yahvé par sa noblesse et sa délicatesse envers Ruth. S'est-il pris de tendresse pour elle en voyant ce qu'elle a fait par amour pour sa belle-mère : ce qu'elle a fait, à savoir quitter le pays de Moab pour soutenir la mère de son époux défunt et s'abriter sous les ailes du Dieu d'Israël ? Cet homme au coeur généreux pourrait bien en effet en avoir été vivement touché. Un adage musulman affirme ceci : " Si tu fais un pas vers Dieu, Il en fera deux vers toi ". Et Booz figure à merveille cet empressement de Dieu pour sa créature. Il a suffi à Ruth de témoigner un affectueux et entier dévouement à Noëmi et de l'humilité envers Booz pour que celui-ci, tel Yahvé, multiplie les faveurs envers Ruth. Il n'en fallait pas davantage pour parler au coeur de celle qui se dit servante et moins encore que servante -puisqu'elle n'est même pas l'égale de l'une d'elles -, pas davantage pour la consoler. C'est donc sous son jour le plus compatissant, le plus paternel mais aussi le plus sponsal que Dieu nous est révélé en la personne de Booz. Et en Ruth, nous voyons un modèle de sainteté : servante humble qui s'oublie elle-même par amour.

(1 S 3, 4)

C'est Dieu qui d'abord nous appelle - avec quelle amoureuse insistance ! Nous ne pouvons le chercher que dans la mesure où, le premier, Il nous a aimés, dans la mesure seulement où c'est Lui qui nous cherche - Me voici ! À l'opposé d'Adam pécheur qui, lorsqu'il ne reconnaît pas encore sa faute, se cache à l'appel du Créateur, le juste - pécheur lui aussi, mais humble et confiant en la miséricorde de Dieu, comme l'enfant - se tourne vers son Père et lui répond.

(1 S 3, 10)

À notre oui, le Seigneur répond par un plus grand oui en venant et se tenant présent auprès de sa fragile créature, en nous appelant inlassablement. Le Dieu Vivant est le Dieu des vivants, de ceux qui disent oui à la vérité de son amour. Dieu vivant parce qu'Il est éternel et, parce qu'Il s'incarne en notre humanité, habite véritablement parmi nous - Dieu présent. Dieu vivant qui ne se laisse rebuter par aucune de nos surdités ni aucune de nos incertitudes ; qui appelle, appelle jusqu'à ce que nous choisissions librement, par la foi, par l'amour, par l'espérance, de lui ouvrir grand l'oreille de notre coeur : Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.

(1 S 12, 20-22)

Pécher consiste à m'écarter de Dieu. Au lieu de contempler et de servir mon Créateur, je me regarde et je m'écoute, moi sa créature, et, ce faisant, je me prends pour mon propre créateur. L'orgueil gît dans cette usurpation ; il est ce piège tapi dans lequel je m'imagine que je suis Dieu - idole - mais où, en réalité, je chute et suis broyé - néant - puisque, ainsi, je me coupe de ma source de Vie. Or si, du piège où je me suis fourvoyé et blessé, par un seul regard lucide, je vois ma misère et me tourne vers l'\^Etre de mon être avec confiance pour faire sa volonté et non la mienne, qui est aveugle, alors Il me délivre ; alors, en Lui, je ressuscite.

(1 S 15, 22)

Nous enorgueillir de nos mérites - les holocaustes - plutôt que nous soumettre, par l'obéissance et la docilité à l'Esprit Saint : voilà bien la tentation majeure, voilà le péché originel. Les holocaustes, s'ils sont regardés pour eux-mêmes, ne sont que simulacre et non plus sacrifice. Cela ne peut que faire horreur à Dieu, et mieux vaut la froideur de l'athée que la tiédeur de cette duplicité. Mais Tu ne veux pas non plus de la froideur : Tu veux embraser nos coeurs ; Tu veux que nous acceptions de nous offrir à toi. Cette offrande, qui reconnaît que nous dépendons radicalement de toi, en vivant de ta parole dans l'amour et la vérité, s'avère le seul sacrifice que Tu agrées et désires.

(1 S 16, 6-7)

Ta puissance n'est pas notre idée pervertie de la puissance. Parce que Tu es un Dieu d'amour, Tu te tiens près des petits - David est le benjamin des fils de Jessé et berger - , près de ceux qui ne se rengorgent pas, qui n'ont pas le verbe haut. Ta puissance est une puissance d'humilité. Aussi nous était-il déjà promis que le Messie, descendant de ce David que Yahvé distingue d'au milieu de ses frères selon son coeur et non selon ses mérites - l'apparence - serait, comme David, pauvre, doux et humble de coeur, et demeurerait auprès de ses brebis.

(1 S 24, 9-18)

Me voici devant Toi, moi chien crevé, simple puce, plus misérable encore ; et déjà Tu m'as justifié devant mes ennemis. Je peux bien rendre le mal pour le mal ; mais quel sera mon mérite ? Je me serai abaissé à la bassesse de mes adversaires. Si, en revanche, je coupe le pan de [son] manteau, si je fais une brèche dans la haine et l'orgueil de mon ennemi, par le pardon que je lui tends dans la vérité - en sortant de la grotte - je m'abaisse beaucoup plus encore - jusqu'à terre - non pour me défendre de mon ennemi mais, tout au contraire, pour m'approcher de lui, au plus intime, à la racine où Tu habites. Alors, ce n'est plus devant lui mais devant toi que je me prosterne.

(2 S 6, 13- 14) Comme David, faisons monter dans nos cités et dans nos coeurs l'arche de Dieu, qui contient les Tables de la Loi : au sommet de nos vies, plaçons en grande liesse la justice et à la charité. Pour la justice, pour la charité, demandons à Dieu la force de sacrifier nos biens les plus précieux. Et si nous honorons justice et charité de toutes (nos) forces, la joie de Dieu dansera et tournoiera en nous.

(2 S 6, 17-19) Si l'arche de la justice naturelle est inscrite par Dieu même dans le coeur de chaque homme, il nous faut la rechercher, l'introduire consciemment dans notre vie et dresser la tente de notre âme pour elle. Mais cela ne suffit pas encore : pour que cette arche nous sanctifie en faisant de nous des " temples de l'Esprit Saint ", comme le dit Saint Paul, nous nous devons d'incarner la justice divine avec la foule entière des hommes et des femmes. Pour tous offrons des holocaustes, faisons des sacrifices de communion : prions pour tous nos frères, amis ou ennemis ; bénissons-les en leur pardonnant leurs offenses ; distribuons-leur, partageons avec eux la couronne de pain du Corps du Christ aussi bien que tous les fruits de la terre ; et recherchons la communion fraternelle qui n'existe véritablement qu'en présence de Yahvé.

(2 S 6, 20-22)

Pour l'orgueilleux, il n'est pas tolérable de témoigner de sa foi au regard de tous car c'est risquer de passer pour esprit faible, homme de rien. Mais pour le croyant " qui n'a pas le coeur fier ", aucun respect humain ne se justifie : c'est devant Yahvé qu'(il) danse avant tout, et pour Lui qu'il vit. Aussi, pour Dieu, il ne l'effraie pas de (s)'abaisser encore davantage. Que peuvent contre lui les critiques et les blâmes des rois ou fils de (roi) ? Peu lui chaut un faux honneur qui n'honore pas le seul qui mérite d'être honoré. Que lui importe de paraître vil aux yeux des hypocrites, des vaniteux ou des impies ? Mais les servantes, mais les pauvres et les humbles de coeur, eux, savent bien que la véritable indigence ne réside pas dans une condition sociale basse, mais dans l'âme de l'homme qui écrase ses frères et renie Dieu.

(2 S 7, 5-6)

Comment l'univers pourrait-il seulement te contenir, Toi l'incommensurable, puisque c'est de toi qu'il est né ? Et qu'est-ce qui pourrait te contenir quand l'univers lui-même ne te contient point ? Tu n'as jamais habité de maison et il n'est pas possible d'en construire une qui renferme ton Être. Notre esprit ne peut te posséder. Comme un nomade en camp volant, Tu échappes à toute main mise ; Tu débordes de notre foi : les dogmes ne te circonscrivent point - ils ne le prétendent du reste pas mais affirment ce que Tu as daigné nous révéler de toi. Tu nous fais monter de toutes nos Égyptes ; Tu nous affranchis de nos esclavages et de ceux que nous sommes tentés d'exercer sur autrui ou sur toi : nous sommes avec toi en camp volant sur la terre. Ne nous y installons donc pas comme si nous devions y séjourner à jamais ; ne croyons pas non plus que nous vivrons notre foi en sédentaires. Il nous faudra marcher à travers bien des déserts. Pourtant, si nous l'acceptons, Tu viens entrer et demeurer sous (la) tente de notre coeur et, par la consécration du prêtre, venir à nous voilé sous l'abri de l'Eucharistie. L'Église est ce camp volant.

(2 S 7, 8-21)

Dieu nous aime le premier : ce n'est pas nous qui partons à sa recherche mais lui qui vient (nous) prendre au pâturage de nos vies. Et lorsqu'Il nous a pris, et quand nous nous sommes laissé prendre, nous pouvons compter qu'Il (sera) avec (nous) partout où (nous) (irons). Désormais, nous appartenons au Christ et plus rien ne peut prévaloir contre nous. Certes, les épreuves ne manqueront pas mais, libérés du joug de nos péchés, l'Adversaire ne pourra plus continuer à nous opprimer comme (avant) la venue du Sauveur en notre coeur. Tels des arbres que malmènent les bourrasques et les pluies, seules nos branches en recevront la gifle mais notre tronc et nos racines, plantés et fixés en Jésus, demeureront pour toujours inébranlables. Il a fait de nous une maison pour (son) Nom. Et en faisant de nous sa maison, Dieu est devenu pour (nous) un père et (nous) pour (lui) (des) fils. Plus jamais orphelins ni seuls, et bannie de nos vies l'absurdité, nous avons été adoptés par Dieu dans le Sang de son Fils, notre Frère. Voilà le destin de l'homme, voilà à quoi, inlassablement, le Seigneur nous appelle : faire de nous ses fils ! Pouvions-nous, de nous-mêmes, former plus grand dessein ? Pouvions-nous cultiver plus belle ambition ? Pouvions-nous dessiner plus noble, plus haut, plus glorieux projet ? C'est par faveur que ce statut nous fut donné car, objectivement, qui sommes-(nous) pour que (Dieu) (nous) ait menés jusque là ? Il serait aussi ridicule que démesurément orgueilleux de prétendre y parvenir par nos propres forces, à la manière de Prométhée dérobant le feu du ciel. L'homme ne peut se sauver lui-même. S'excluant de la grâce de Dieu comme le fils prodigue prend sa part d'héritage et va dilapider son bien, l'homme s'exclut de lui-même. Alors les coups - guerres, violences, égarements, décisions malheureuses, désespoir - qui, plus encore que des châtiments, sont les fruits pourris de notre désobéissance, viennent nous rappeler à quelles promesses nous sommes appelés, et ce, non pas seulement pour notre propre vie ou notre maison - ce serait encore trop peu à tes yeux, Seigneur Yahvé - mais pour tous les hommes, pour un lointain avenir : autant dire pour toujours et fondamentalement. Nous avoir révélé ton désir infini, nous en avoir instruit, c'est entendre la Bonne Nouvelle. Et David l'a entendue et a entrevu la venue du Sauveur, qui réaliserait la promesse. Il exulte à l'entendre ; il sait que le bonheur réside dans cette espérance et que la parole même de Dieu, qui est source d'espérance, s'avère déjà une magnificence.

(2 S 7, 22-29)

David, porté par l'Esprit Saint, confesse sa foi au Seigneur de la manière la plus absolue qui soit :il n'y a personne comme toi et il n'y a pas d'autre Dieu que toi seul. Premier commandement, cette profession de foi est le germe de tous les autres commandements, et c'est à sa racine que tous se rattachent. Il n'y a personne comme toi : nulle créature ne peut aimer comme Tu nous aimes ; il n'y a pas d'autre Dieu que toi seul : rien n'est supérieur, rien n'est préférable à toi, dont l'amour sans égal signe la divinité. La preuve de ton amour éclate dans le rachat d'Israël pour en faire (ton) peuple. En faisant sortir Israël du pays d'Egypte, Tu annonçais un exode plus radical : l'exode du péché et de la mort, conduit par Jésus sur la Croix, pour faire de toute l'humanité ton peuple. Nous étions esclaves du péché depuis Adam et, en nous rachetant, Tu nous as affranchis - car tes paroles sont vérité et seule " la vérité rend libre ". La liberté de ton peuple repose donc sur son obéissance à ta parole. De même, notre bénédiction consiste par essence à demeurer toujours en ta présence. Telle se définit la sainteté.

(2 S 22, 20)

La merveille, ô mon Dieu, ce n'est pas tant que Tu (me) sauves (bien que ce soit prodigieux) ; ce qui m'émerveille, ce qui me stupéfait, ce qui me réjouit par dessus toute joie et à débord, c'est que (Tu) m'aimes. M'as-Tu sauvé parce que je le méritais ou en raison de quelque qualité en moi précieuse à tes yeux ? M'as-Tu sauvé parce que je porte le sceau du baptême ? Non, (Tu) m'as sauvé car (Tu) m'aimes. Est-ce à cause de moi que Tu m'aimes ? Ai-je accompli un acte magnifique qui mérite ton amour ? Ai-je " une foi aussi grosse qu'un grain de moutarde " ? Ma vie est sans éclat héroïque, et ma foi ne saurait me justifier devant toi. Tu m'aimes parce que Tu es un Dieu d'amour ; Tu m'aimes parce que c'est toi qui m'as donné la vie, qui m'as modelé de chair et d'Esprit, parce que Tu m'as voulu ; Tu m'aimes parce que tout ce que Tu fais, tout ce que Tu veux, tout ce que Tu es, est Amour. Quand mon âme se noie dans la nuit, quand je me vois banni de la vie, quand l'espérance pèse de tout son poids de cendres sur mon coeur, je me rappelle ton amour et je ressuscite avec toi. " Dieu est Amour ". Telle est la Bonne Nouvelle, l'unique, l'absolue, la bonne nouvelle primordiale et finale, la bonne nouvelle éternelle.

(2 S 12, 1-9)

Comment ne pas être touché par cette parabole où sont multipliés les gestes de tendresse de l'homme pauvre pour sa petite brebis qu'il aime comme sa fille et dans laquelle on croit lire un " fioretto " de Saint François d'Assise ? Par son prophète, avec autant de vigueur que de finesse, Yahvé expose métaphoriquement à David son forfait, non pour le condamner, mais pour qu'il prenne conscience de son péché et se convertisse, pour que - littéralement - il " se retourne " vers Dieu. Thérapie par la parabole. David n'a pas encore compris que cet homme riche qui vole la brebis de l'homme pauvre n'est autre que lui-même qui a fait périr l'un de ses officiers fidèles - Urie le Hittite - par l'épée des Ammonites pour lui prendre sa femme, Bethsabée. Il n'a pas encore compris mais il est déjà " retourné " de colère. Ce crime, avant même de l'avoir reconnu comme sien, lui fait horreur. A-t-il commencé de regretter le sien ? Mais c'est de la bouche de Dieu, par Natân, c'est seulement en se plaçant devant Dieu, représenté par son prophète, qu'il entendra la vérité : " Cet homme, c'est toi ! ". Tant que nous ne nous sommes pas reconnus pécheurs envers Dieu, nous ne pouvons nous regarder dans la vérité ni faire preuve de miséricorde envers ceux qui nous offensent : David ne va-t-il pas jusqu'à juger l'homme riche de la parabole passible de mort ? Dieu, quant à lui, n'a rien proféré de tel... De même que Jésus ne jugera ni la femme adultère, ni Zachée, ni Lévi, ni la Samaritaine, ni Judas qui le trahit, ni Pierre qui le renie. Un regard du Christ suffit à nous " retourner ". En David, nous voyons notre propre convoitise. Dieu met dans (nos) bras des richesses en abondance - ce que nous sommes - et nous imaginons que ce n'est pas assez. Nous louchons sur nos frères ; nous convoitons ce qu'ils possèdent ou ce qu'ils sont parce que nous n'aimons pas nos frères ni ne nous aimons comme Dieu nous aime, parce que nous ne voyons pas qu'en (nous) oignant de l'Esprit Saint à notre baptême, Il a fait de nous des rois, Il (nous) a sauvés de la main du Mauvais, Il (nous) a donné la maison d'Israël et de Juda, c'est-à-dire fait de nous sa maison, son Église. Et ce qui est beau, dans ces reproches de Yahvé à David, tient à ce ton de dépit amoureux : " je t'ai comblé de biens précieux, je t'ai donné tout ce que tu pouvais souhaiter, parce que tu m'es cher entre tous ; et si cela ne suffit pas, j'ajouterai pour toi n'importe quoi. " Voilà l'amour de notre Dieu pour nous. Et, de fait Il ajoutera une folie sans nom : l'Incarnation de son Fils en vue du sacrifice de ce Fils sur la Croix... Et que nous demande-t-Il en retour ? Presque rien, sinon l'élémentaire évidence que, pour autant, il nous est si difficile d'accomplir : de ne pas (le) mépriser en faisant ce qui lui déplaît, soit de respecter nos frères, de protéger les plus faibles d'entre eux, parce qu'ainsi nous rejoignons son Coeur et vivons de sa Vie.

(2 S 16, 7-12)

Après le crime, la malédiction. David pourrait s'en offusquer au point d'ordonner que l'on tranche la tête de l'homme qui n'a pas craint de parler au nom de la vérité : David a beau être roi, il n'en est pas moins un homme de sang qui, par convoitise, a trahi et fait assassiner Urie le Hittite. Un homme plein d'orgueil pourrait en effet chercher à faire définitivement taire le gêneur pour tuer du même coup sa propre conscience. Mais David, homme pécheur, s'il s'est laissé égarer par ses passions le temps de deux crimes (l'adultère et le meurtre), se repent ici devant ses officiers : de (sa) misère, il a une telle conscience qu'il voit en Shimeï l'ambassadeur à qui Yahvé a commandé de maudire David. Or, repentance parfaitement humble puisque David ne s'accuse pas lui-même, ni ne s'autorise à se juger : Dieu est seul juge. Peut-être nous maudira-t-Il pour nos péchés ; mais peut-être, plus encore, (nous) rendra-t-il le bien au lieu de (la) malédiction - parce qu'Il est miséricordieux. Dans cet abandon tient la véritable humilité et la sainteté, quand bien même nous avons commis les pires crimes. Car le Seigneur de l'univers et de nos vies n'est ni un comptable vétilleux ni un justicier vengeur. Rien ne lui est plus cher que de nous pardonner pour peu que nous désirions l'être.

(2 S 22, 29)

Je suis de (la) ténèbre. Je suis de la terre qui dort. La lumière de la vie, c'est de toi que je l'ai reçue ; de toi qui m'as éveillé en " soufflant dans mes narines " ; de toi qui m'éclaires. Tu es ma lampe. Et parce qu'avec toi, ma nuit devient jour, un très beau jour, un matin de Pâques, un soir de Pâques sur le chemin d'Emmaüs, un midi de Pentecôte, une nuit de Noël - autant dire un beau, un très beau jour - , parce que ta lumière me fait vivre, je veux refléter éternellement ta lumière, je veux être du jour.

(2 S 22, 50)

Quand bien même je serais seule à espérer en toi, à t'aimer, Dieu trois fois saint, puissé-je te louer par toute ma vie, puisse toute ma vie te louer jusque par et dans ma mort, si Tu me le demandes. Je vis chez les païens, avec les païens : qui entendra ma louange ? Dois-je la faire entendre en frappant du tambour, en sonnant du cor ? Dois-je monter sur les tables et crier sur les places ? Dois-je haranguer ceux qui ne te connaissent pas ? Dois-je bateler et enrôler ? Je veux jouer pour ton nom, non du clairon, non des symphonies, non des cantates, mais une mélodie qui soit le murmure d'une brise légère. Dans le silence, quand je mange, quand je dors, quand je travaille, quand je me lave, quand je cuisine, quand je me déplace, jouer pour ton nom. Quand j'écoute l'affligé, quand je souris à celui qu'on ne voit plus, que ton nom soit loué et célébré par mon coeur. Je veux jouer pour ton nom toutes mes richesses, ma personne, tout mon être, et gagner le gros lot de ton amour, et vivre dans ton amour.

(1 R 3, 7-12)

À la suite de Salomon, nous faisons cette prière que tout homme amené à exercer un quelconque pouvoir - depuis la simple paternité en passant par celui de chef d'entreprise jusqu'au pouvoir du gouverneur de peuples et celui du successeur de Pierre - , pour que tout responsable désire avoir un coeur plein de jugement pour discerner entre le bien et le mal. Or, ce désir lui-même ne peut émaner que d'un coeur déjà humble, qui a conscience de ne pas savoir agir en chef, qui sait qu'il ne le pourra que guidé par la vérité, car nul n'est véritablement chef sinon toi, Seigneur ; et ce n'est que par ta délégation que les chefs de la terre le sont. Mais comment obtenir cette humilité qui donne sagesse et intelligence ? On ne l'obtient pas par soi-même : on la reçoit de Dieu. Paradoxe de la Grâce et paradoxe du cheminement spirituel qui requiert de demander ce qu'il faut déjà connaître pour le demander ! Cela exige d'éclaircir - de purifier - notre regard, de creuser un désir, de laisser un vide où l'Esprit Saint vienne s'engouffrer pour qu'il épouse notre coeur comme un liquide son contenant. Car Dieu ne manque pas d'exaucer nos prières lorsqu'elles sont justes : mieux, il plaît au regard du Seigneur que (nous) lui fassions cette demande ; Il attend que librement nous voulions faire sa volonté ; Il aime que nous ne demandions rien pour nous-mêmes qui n'intéresserait que nous-mêmes ; Il désire que nous ne demandions rien d'autre, en définitive, que d'être à son image.

(1 R 8, 38-39)

Quel Dieu est plus grand que toi qui inspires une telle sagesse à un pauvre coeur d'homme ? Vraiment, Tu es le Dieu de toute sagesse. Et l'histoire de Salomon en est la sublime illustration.

(Pr 24, 19)

Qu'il est difficile, pour celui qui voit des fautes et des crimes être commis en toute impunité, pour celui qui voit le mal appelé "bien" et "mal" le bien, qu'il est difficile de ne pas s'irriter ! Notre mouvement spontané, alors, n'est-il pas d'être choqué, indigné, en colère contre nos frères ? Et si nous ne disons rien, comme notre corps parle pour nous ! Notre regard s'enténèbre ; nous serrons dents et poings tandis que des paroles dignes du Psalmiste, des prophètes Jérémie, Élie, Isaïe ou Jean-Baptiste éructent de notre mémoire contre les impies et font mugir leur lourd ressac dans notre coeur. Nous ne sommes pas plus cléments que ceux-là qui amenèrent à Jésus la femme prise en flagrant délit d'adultère ou qui ruminèrent intérieurement en voyant Jésus manger chez le publicain Lévi. N'avons-nous donc rien retenu de sa miséricorde ? Derrière notre colère, l'orgueil se terre et gronde qui nous fait nous estimer plus justes que ceux-là qui pèchent. Mais qui suis-je, mon Dieu, pour m'autoriser à juger mes frères ? Est-ce que je vaudrais mieux qu'eux ? Serais-je davantage digne de ton amour qu'eux parce que je ne fais pas le mal qu'ils font ? Or je commets bien d'autres méfaits... Tu nous aimes tous et chacun d'un amour inconcevablement infini ; et comme le Père de la parabole, Tu attends que tes enfants prodigues reviennent se jeter dans tes bras ; comme le bon pasteur, Tu pars à la recherche de ta brebis perdue ; et quand Tu l'as retrouvée, lorsqu'elle s'est laissé trouver, Tu te réjouis plus que si elle ne s'était jamais égarée. Malheur à moi qui m'élève à mes propres yeux. Humilie-toi, mon âme. Tu es plus misérable lorsque tu te complais dans tes pensées de fiel que celui-ci qui a mal agi par impulsivité. Non, ne t'irrite pas à cause de ceux qui font le mal : mais pleure sur ton frère et sur toi ; prie pour lui dans la paix et demande au Seigneur de vous prendre, toi et lui, en pitié.

(Pr 25, 21-22)

La suite de ce proverbe dit que c'est amasser des charbons sur sa tête. Mon Dieu, il n'est pas vrai que Tu conseilles une forme de vengeance indirecte car Tu "ne désires pas la mort du méchant mais qu'il se convertisse et vive". Non, ce n'est pas pour punir nos ennemis que Tu nous demandes de (leur) donner à manger et à boire. Par ce geste vital, peut-être notre ennemi prendra-t-il conscience de ses torts et se repentira-t-il. Si nous ne donnons pas prise à sa fureur et lui répondons par la paix, nous mettons la résurrection en place de la mort entre notre ennemi et nous et nous demeurons nous-même dans la paix. Ainsi, en nous commandant de rendre bonté pour offense, Tu nous montres comment et pourquoi transcender l'ordre naturel qui réclame réparation. Car dans cette transcendance est la vraie force. Être fort ne consiste pas à se venger et dominer - puissance facile, qui suit le courant - mais à remonter le courant en pardonnant.

(Dn 2, 20-23)

Nous adorons Celui qui détient la sagesse et la force. L'adorant, nous finirons par lui ressembler et Il nous accordera sagesse et force. Sa force est sagesse, et sa sagesse force parce que la lumière réside auprès de lui. Ainsi le Verbe de Dieu est-il tout à la fois lumière qui donne la sagesse et sagesse qui rend fort. Quels autres biens plus excellents que ceux-là pourrais-je désirer quand, en ces biens, c'est toi-même qui nous est donné ? Par la lumière, le discernement et la connaissance du bien nous sont conférés. La sagesse nous offre les moyens de pratiquer le bien. Et la force nous fait persévérer dans le bien au sein des épreuves.

(Dn 2, 44)

Ce royaume qui jamais ne sera détruit et anéantira tous les autres est ton Royaume, ô Dieu du Ciel et de tout l'univers. Tu as permis de nombreux royaumes ennemis de ton peuple mais, en se coupant de toi, ils se sont coupés de la vie et finiront par être écrasés. Ainsi, sans vouloir le mal, l'autorises-Tu ; sans aimer la souffrance, Tu la laisses tout éprouver, mais pour un temps, par souci extrême de notre liberté. Au jour de ta gloire, ta victoire sera enfin pleinement manifestée. Tes enfants seront alors incorporés au royaume de ton Corps ressuscité qui subsistera à jamais.

(Dn 3, 17-18)

T'aimer plus que sa propre vie ; t'adorer au risque de mourir ou de simplement être blessé : il nous sera toujours demandé de passer par cette épreuve du feu. Parce qu'il abandonne radicalement sa vie entre tes mains, Daniel est saint. Imitons-le : mettons notre confiance en toi au-delà du secours tangible que Tu peux nous apporter. Que tu nous délivres ou non, ne servons pas (d'autre) dieu, c'est-à-dire ne doutons pas que Tu es Dieu. Et comme Daniel encore, en refusant d'adorer (les) statues que (les uns ou les autres) élèvent, refusons avec fermeté mais aussi dans la paix. Cette paix sera signe de vérité. Si Tu nous délivres de nos souffrances corporelles, rendons grâce car Tu n'as créé ni la souffrance ni la mort mais la vie. Et si (Tu) ne le fais pas, rendons grâce aussi : il en est sans doute ainsi pour un plus grand bien - soit pour nous épurer, soit pour convertir ceux qui nous éprouvent.

(Dn 3, 24)

Quand vient l'heure de l'épreuve, (marchons) au milieu de la flamme, (louons) et (bénissons) le Seigneur : ne nous laissons pas enchaîner par la souffrance, voyons au delà, demeurons dans la paix et la joie en gardant les yeux de l'âme fixés sur Celui qui est le Dieu Vivant victorieux du mal. Là consiste essentiellement la délivrance de Dieu.

(Dn 3, 37-45)

Comme elle est belle et juste, la supplique de Daniel au moment du martyre ! Il ne récrimine pas, il ne se révolte pas mais voit dans l'humiliation subie une conséquence (des) péchés (du peuple de Dieu) et, tout à la fois, l'occasion de faire le sacrifice de tout son coeur, de son âme brisée et de rendre témoignage à ses bourreaux que Tu es seul Dieu et Seigneur. Ainsi te préfigure-t-il, ô Christ ! Si Daniel compare ce sacrifice à des holocaustes d'animaux, nous savons que le seul holocauste que Tu désires s'avère celui d'un esprit (qui) s'humilie devant toi pour te (suivre) pleinement. C'est pourquoi, plus encore que la confusion et la honte des ennemis de tes serviteurs, importe davantage cette réalité indestructible qu'il n'est point de confusion pour ceux qui espèrent en toi. Oui, le salut nous est donné par cette espérance au-delà et contre toute espérance. Nos adversaires peuvent bien nous persécuter jusqu'à la mort, ils ne peuvent nous arracher à toi. Par le baptême, nous devenons tes enfants d'une manière si radicale que rechercher ta face à en mourir nous comble déjà de ta mansuétude et de la grandeur de ta grâce. Alors, en dépit des apparences et en vérité, la force (de nos adversaires) est brisée.

(Dn 3, 88)

Parce que Tu nous aimes, Tu nous sauves de la main de la mort. À la mort Tu n'octroies que notre chair et pour un temps seulement car la chair aussi sera tirée du milieu de la flamme de la corruption à l'heure de ta Parousie. Et nous resplendirons enfin comme toi. Pour nous arracher à la fournaise, Tu as plongé en elle ; par ta Croix, Tu nous as délivrés des enfers. Rien de moins. Aussi, d'avoir été rachetés à la mort au prix de tant d'amour, nous n'aurons pas trop de toute notre vie, sur la terre et au Ciel, pour te chanter et t'exalter éternellement.

(Dn 3, 91-95)

Dans le feu de nos épreuves, si nous nous confions en (toi) et livrons (nos) corps plutôt que de servir des idoles, Tu envoies (ton) ange (nous) délivrer. Délivrance corporelle, parfois ; délivrance spirituelle, toujours. La peur de souffrir nous lie dans le feu de la souffrance. Or, si nous nous tournons vers toi, nous cessons d'être obnubilés par la douleur et nous recouvrons la liberté. T'adorer rend libre. Alors, sans pour autant être exemptés de souffrir, nous pouvons, par toi, nous promener dans le feu sans qu'il (nous) arrive de mal, c'est-à-dire sans que la souffrance paralyse ou anéantisse notre foi. Y a-t-il meilleur témoignage que celui d'une confiance inébranlable et paisible à rendre devant nos persécuteurs ? Peut-être, comme Nabuchodonosor, les fera-t-elle te bénir à leur tour...

(Dn 4, 34)

Le Ciel ne peut qu'exulter de joie devant la profession de foi du converti qui découvre en toi le Dieu de vérité et de justice et qui, renonçant à son orgueil, s'abaisse devant toi. Qu'à l'instar de Nabuchodonosor, nous aussi, nous désirions vivre de la vérité et de la justice. Et si nous marchons dans l'orgueil, si, nous exaltant, nous nous détournons de toi, abaisse-nous, fais-nous revenir à toi !

(Dn 6, 17-24)

Aux coeurs innocents, la grâce du Dieu vivant. Pourtant, si Dieu (le) sauve, le saint n'est guère épargné par les épreuves et se trouve immanquablement en butte à la haine. Après la fournaise, voici la fosse aux lions. Daniel échappe aux lions pour montrer au roi de Babylone que Dieu peut fermer (leurs) gueules ; mais combien de saints ont été dévorés dans l'arène du Colisée, persécutés sous des formes diverses à travers les âges et aujourd'hui encore ? Ne croyons donc pas que, parce que le Seigneur nous aime, Il nous évitera toute tribulation. Mais ne doutons pas qu'Il nous soutiendra. C'est pourquoi, préparons-nous à être toujours plus durement éprouvés et (servons) Dieu avec persévérance afin de demeurer indemnes dans la foi.

(Dn 7, 13-14)

Te voici notre Rédempteur, qui en Marie viens dans la nuit de notre monde, depuis les nuées du ciel invisible, par l'action de l'Esprit Saint. Toi, le Principe incréé, Tu as revêtu la forme et la chair d'un Fils d'homme. Parce que Tu es le Verbe, Tu es de même substance que le Père et, t'incarnant, pleinement à son image : vrai Dieu, vrai homme - l'homme dans sa parfaite transparence à l'égard de Dieu. De toute éternité, ta volonté est de faire la volonté du Père : de (t)'avancer jusqu'à (lui), conduit en sa présence par l'amour que Vous vous portez l'un à l'autre éternellement. Or, ce mystère trinitaire, nous sommes dès ici-bas invités à le contempler, mais seulement dans la nuit de la foi. Par une vision condensée, toute la destinée du monde nous est ici dévoilée : tous peuples, nations et langues (te) serviront ; ainsi l'univers a-t-il été créé pour t'être soumis et que Tu exerces sur lui un empire éternel qui ne passera point. Le mal ne peut donc que freiner ces noces que Tu viens sceller avec nous mais non les empêcher. À la Croix, les fiançailles ont été célébrées ; et les noces seront consommées lors de ton retour dans la gloire. Le monde, créé par le Père à l'aide du Verbe, n'existe pas en dehors de toi et ne peut appartenir à autre que toi : sanctifié dès l'origine, il est ainsi promis à devenir un royaume (qui) ne sera point détruit. En t'incarnant pour délivrer le monde prisonnier du péché, Tu t'es fait à la fois serviteur de tous et prince de tous à qui furent conférés empire, honneur et royaume. Ainsi, tout ce qui est créé ne peut être sauvé qu'en convergeant vers toi.

(Dn 9, 18)

Parce que ta miséricorde outrepasse notre misère, prends pitié de nous, Dieu trois fois saint. Jamais nos oeuvres justes ne pourront égaler ta justice car il n'en est pas une seule que nous accomplissions. Aussi n'est-ce point en raison de nos mérites que nous te supplions, mais au nom de ton amour qui est toute miséricorde, mais en raison de toi-même.

(Dn 10, 12)

À mesure que nous désirons comprendre ton Être, à mesure que ton Amour nous devient désirable, tous les biens terrestres nous apparaissent de plus en plus inconsistants et, avec une acuité croissante, nous prenons conscience de notre faiblesse. En proportion inverse et par conséquent, notre esprit résout de (se) mortifier devant Dieu. Il s'y résout non par une volonté extérieure mais par la motion de l'Esprit Saint en notre coeur, qui nous représente et la perfection du Seigneur et notre imperfection. Cette mortification, qui implique une ascèse avant tout spirituelle, nous ouvre aux "réalités d'en haut", nous rend réceptifs à la Parole de Dieu et nous fait vouloir réaliser sa volonté sur nous. De fait, nos désirs épousent de plus en plus ceux de Dieu ; les demandes que nous lui formulons ne peuvent alors qu'être entendues : en les exauçant, c'est Dieu lui-même qui vient.

(Dn 12, 10)

Quelle espérance en cette parole ! Oui, le Seigneur est notre salut ; il ne veut pas la mort du pécheur : il veut (le) laver, (le) blanchir, (le) purifier "dans le sang de l'Agneau". C'est à la fontaine de ta Croix que nous (sommes) lavés ; par le Baptême en ton sang jailli de ton côté à la Croix, nous (sommes) purifiés. Et cette espérance - qui est une promesse déjà réalisée mais en germe et qui sera pleinement développée à ta Parousie - , elle n'est pas réservée à une poignée d' "happy few" : elle est offerte à beaucoup. Car Tu n'es pas le Messie du seul "peuple élu" mais du monde, que Tu désires rassembler en un seul peuple, en un seul corps : l'Église.

(Jl 2, 12-13)

Comme il est beau de te voir nous supplier de revenir à (toi) ! Qu'y a-t-il de plus grand que la toute-puissance de Dieu mendiant son amour à sa créature ? Qu'y a-t-il de plus admirable que la tendresse et (la) pitié de Dieu pour sa créature ? Car Tu ne nous demandes rien d'autre (mais c'est immense) que de déchirer (notre) coeur, rien d'autre que de jeûner et pleurer, c'est-à-dire de rejeter le mal et de nous humilier devant toi. Cependant, Tu ne refuses pas le culte que nous te rendons - les vêtements - mais tu demandes que la prééminence soit donnée à l'attitude de notre coeur. Ne supprimons pas le culte : vivons-le de tout (notre) coeur ; adorons "en esprit et vérité".

(Jl 3, 1-2)

Ô divine Pentecôte annoncée et, par elle, l'Église ! Plus de caste sacerdotale ni de prophètes attitrés mais un "peuple de prêtres, de prophètes et de rois". À tous, l'Esprit à profusion, que nous soyons anciens ou jeunes, hommes ou femmes, libres ou esclaves, riches ou modestes, juifs ou des nations. Dieu ne fait de distinction ni ne discrimine personne : c'est toute chair qu'Il veut sanctifier ; à tous qu'Il propose le Salut ; à chacun la paix et la joie de (son) Esprit.

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