Éditorial du 13 février 2002

par Béatrice Kirch-Tougard

Convertissez-vous et croyez à l'Évangile. C'est avec cette parole que nous recevons l'imposition des cendres sous la forme d'une croix tracée sur nos fronts au seuil du Carême. Croix de cendre qui descend d'un geste de pénitence tant de fois mentionné dans l'Ancien Testament. Elle nous rappelle notre origine et notre finitude pour nous conduire à l'humilité – cette pauvreté du coeur sans laquelle on ne peut se repentir, mais aussi, en écho à notre baptême, qui signifie que nous avons été sauvés par le Christ sur la Croix.

Ce Convertissez-vous, comme il est indispensable de se l'entendre dire sans détour à l'ouverture du Carême ! Une telle parole a la netteté de l'Évangile lui-même et nous recentre sur le Christ. C'est sa Parole que nous entendons ici, à la suite de celle de tous les prophètes. Tout d'abord, elle nous rafraîchit la mémoire : nous avons à nous convertir parce que nous sommes pécheurs ; nous ne serons jamais totalement convertis tant que nous serons sur terre. Parce que notre conversion n'est jamais acquise, convertissons-nous. C'est pour nous garder vigilants, pour que nous ne faiblissions pas que, d'année en année, le Carême nous invite à cette attitude fondamentale.

La conversion passe par le jeûne. Or le jeûne auquel nous sommes conviés ne vise pas tant la mortification (gardons-nous toutefois d'occulter cet aspect) que l'amour qui en est `a la fois le moteur et le terme. Nous jeûnons par amour de Dieu et de nos frères et pour mieux aimer et l'un et les autres. Si notre jeûne n'est pas animé par l'amour et orienté vers l'amour, il est vain. C'est ce qu'affirme le prophète Joël : Déchirez votre coeur et non vos vêtements (Jl 2, 13) et le prophète Osée : C'est l'amour que je veux et non les sacrifices (Os 6, 6) ; et c'est ce que reprendra saint Paul : Quand je distribuerais tous mes biens en aumônes (...), si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien (1 Co 13, 3).

Or nous ne savons pas aimer. Dieu seul est amour. Lui seul peut nous convertir et changer nos coeurs. Croyons à l'Évangile et la force d'aimer nous sera donnée. Car Dieu ne peut nous refuser ce qu'il attend de nous, ce qu'il a mis en nous et qui ne peut croître sans lui.

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